Nous avons vu dans l’article précédent, Le cerveau enseigné aux élèves, qu’il était important de bien comprendre ce qu’est la neuroplastie et de se rappeler que les connexions neuronales, nécessaires à l’acte d’apprendre, se renforcent avec la pratique, l’effort et l’utilisation de stratégies appropriées.
Voici un exemple de cette métacognition, mise en pratique par un enseignant canadien : en 2015, Mathieu Gagnon, enseignant en psychologie et chercheur en psychologie éducationnelle pour le Collégial Nouvelles Frontières (Gatineau, Québec), a réalisé 3 vidéos pour expliquer à ses étudiants comme apprendre efficacement et réussir. Pour chaque conseil, il argumente en recourant à de nombreuses études scientifiques en psychologie cognitive.
Comprendre sa mémoire

Pour mémoriser leurs cours, les étudiants utilisent habituellement trois stratégies qu’ils croient efficaces :
- la relecture
- le surlignage ou le soulignage
- la retranscription du cours
Ces techniques peuvent être utilisées bien sûr, mais leur niveau de rendement est très faible par rapport au temps utilisé pour les mener à terme. De plus, si elles permettent aussi le passage d’un examen, le contenu mémorisé alors est oublié peu de temps après. Pourquoi ? Parce que la mémoire est reconstructive, et non constituée de sortes de « tiroirs » où l’on aurait rangé les informations.
Bien se rappeler, bien mémoriser c’est s’entraîner à reconstruire les informations dont nous aurons besoin, c’est à dire s’entraîner à retrouver dans notre mémoire ces informations. Et ce sont les moments d’évaluation qui sont les plus efficaces pour mémoriser à long terme. Mathieu Gagnon explique comment procéder dans sa 2e vidéo.
Conseils pratiques pour mieux étudier

Réécrire un cours, comme cela est souvent fait, n’est nécessaire que si l’on veut clarifier les points les plus importants, rendre le cours plus facile à lire et à comprendre. Sinon, la méthodologie proposée est la suivante :
- organiser l’information efficacement en écrivant sur une feuille les éléments les plus importants
- évaluer la compréhension de chacun des éléments listés en expliquant tout ce que l’on a retenu, sans recours aux notes du cours !
- prendre une nouvelle feuille (feuille de réponses) et écrire tout ce dont on se souvient. C’est par cet acte, qui demande un effort, que l’on apprend véritablement !
- Comparer sa feuille de réponses avec ses notes et si l’on a des oublis, des erreurs, créer une fiche d’indices (un mot, un dessin… qui va nous aider à nous rappeler la notion oubliée)
- recommencer une feuille de réponses en utilisant au besoin les indices…
Des détails très concrets et des techniques d’entraînement sont décrits dans cette deuxième vidéo.
Enfin, la troisième aborde les questions du temps et des lieux d’apprentissage.
Quand et où pratiquer sa mémoire ?

Où l’on retrouve les principes chers aux sciences cognitives : la mémorisation active, l’importance des liens, ainsi que les reprises à rythme expansé : Mathieu Gagnon explique la nécessité d’espacer les temps de reconstruction de l’information parce que l’oubli va engendrer l’effort, et l’effort, la mémorisation. Il insiste aussi sur la nécessité de varier les lieux, les moments et les cadres d’apprentissage pour créer des liens qui aideront le cerveau à retrouver l’information quels que soient le lieu et le temps où cela sera fait.
En conclusion de ses vidéos, Mathieu Gagnon n’hésite pas à nous asséner : « Cette méthode vous paraît plus lente et plus difficile ? Tant mieux, c’est qu’elle est plus efficace ! »
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